• Béatrix d’Honoré de Balzac
Organisé autour de la rivalité de deux femmes, Félicité des Touches et Béatrix de Rochegude, le roman fait en réalité apparaître d’autres femmes dont la plupart entrent en compétition, d’une façon ou d’une autre, avec le pouvoir d’attraction et de séduction des héroïnes. Dans la deuxième partie, le premier chapitre est consacré à Félicité des Touches : « De même que Clara Gazul […] que ne le veut la Poétique moderne. » Dès le départ, elle est décrite en tant que Camille Maupin, femme artiste et extraordinaire, principalement du fait de sa masculinité. Un peu plus loin dans le même chapitre, Félicité est en quelque sorte résumée dans un portrait plus ramassé où apparaît l’éternité de sa beauté et de son pouvoir de séduction : « Habituée à se conduire elle-même […] la plus riche bordure. »
Dans la partie II, chapitre II, Félicité parle de Béatrix. On assiste alors à un portrait de femme pris en charge par une autre femme… mais adressé à un homme : « Béatrix est une de ces blondes […] mon pauvre enfant ! » Après cette partie, largement consacrée aux portraits, on retrouve les protagonistes dans la partie III. Au chapitre XXV Béatrix apparaît dans l’attitude de la femme aimée, toujours consciente de sa supériorité : « Les femmes froides […] la première semaine du séjour. »
• L’Aventurier ou la barbe-bleue d’Eugène Sue
La Barbe-bleue est une figure comme mythifiée par les hommes qui en parlent et qui, pour la plupart, ne l’ont jamais vue et ne connaissent que sa réputation. La description de cette femme ne se trouve donc qu’au chapitre VI de la première partie, où le lecteur peut enfin l’apercevoir : « Maintenant, entrons dans l’une […] c’était la Barbe-bleue ! » Son apparence séduisante est surprenante.
• Contes bourgeois de Théodore de Banville
De nombreuses figures féminines peuplent cette série de nouvelles.
Dans « La belle drapière », à la section I, Banville décrit avec précision une femme de toute beauté que le duc souhaiterait pouvoir séduire, et qui se distingue par sa résistance : « Mais à vrai dire […] avait espéré. »
On rencontre d'autres portraits de belles femmes, dans « Un artiste » par exemple, section I : « Clara Noguier […] humilié presque. » Il s’agit ici d’un portrait d’une femme charmante jusque dans la gourmandise.
• La Lanterne magique de Théodore de Banville
De nombreuses saynètes ou situations de l'ensemble La Lanterne magique ont pour personnage central une femme. C’est le cas par exemple dans « L’après-midi » où deux figures féminines se font face. La femme délaissée et celle qui la remplace se rencontrent : « L’écuyère Maria […] et de décompose. »
Le texte « Avarice » décrit, pour sa part, une jeune femme de grande beauté, beauté dont elle est avare.
• Joseph Balsamo d'Alexandre Dumas
Marie-Antoinette apparaît ici comme personnage historique, bien sûr, mais elle est présentée par la mise en avant de sa beauté au chapitre XIV : « Vingt cavaliers […] la rare liberté qu’elle se donnait. »
Louise de France, la fille de Louis XV, est également présentée comme un personnage fort mais pour des raisons différentes. Ici, au chapitre XXVII, c’est le regard respectueux de son père le Roi qui met en avant l’importance du personnage : « La fille aînée […] de ses coffres et de ses armoires. »
Dans d’autres cas, cependant, leur force découle de leur volonté ou de leurs qualités morales :
• Le Cabinet des Antiques d’Honoré de Balzac
Le roman laisse peu de place aux femmes, on en trouve néanmoins quelques modèles : Mlle Armande, tante aimante de l’héritier présomptueux, ou encore Mme Camusot dont l’esprit très parisien cherche à s’épanouir à la campagne. Mais la figure féminine la plus forte du roman est la duchesse de Maufrigneuse, personnage récurrent de la Comédie humaine et figure de séductrice. Elle est dépeinte plusieurs fois.
Tout d'abord sous les traits d’une beauté particulière et insaisissable, et Balzac ajoute une pique à l’égard des éloges dithyrambiques faites aux femmes : « La poétique auréole chaussée […] que la littérature ne peindra jamais. » Un peu plus tôt dans le même numéro, l’aspect angélique de sa beauté est décortiqué et mis à nu comme une méthode : « En s’amourachant de Victurnien […] presque jaloux de Victurnien. » À la fin, pour mieux aider Victurnien, elle se déguise en homme afin de se déplacer en province, donnant ainsi à voir une autre facette de sa personnalité, entreprenante et sans crainte, mais également capable de dissimulation.
• Les Petits bourgeois d’Honoré de Balzac
Brigitte Thuillier, modèle d’abnégation familiale, a un sort qui semble triste car sa vie est comme laissée de côté et mise au service de son frère. Elle est décrite au début du chapitre III de la première partie : « Marie-Jeanne-Brigitte Thuillier […] s’explique de lui-même. » Sa personnalité s’oppose complétement à celle de Céleste, décrite également au chapitre III : « Dès les premiers jours […] commodités de la vie. »
• La Cousine Bette d’Honoré de Balzac
La cousine Bette est un personnage fort et méchant, la figure d'une femme habitée d’une sorte de génie négatif, modèle de la vieille fille aigrie. On trouve son portrait au chapitre IV : « Avec le temps […] pendant les révolutions. » Quand à son alliée Valérie, elle incarne la figure de la courtisane. Un développement du chapitre XV est l'occasion d’un portrait général de ce type de femme : « Quand à Paris […] dans cette histoire des mœurs. »
• La Fortune des Rougon d’Émile Zola
Si les hommes sont ceux qui occupent les postes et se battent, le roman est largement dominé par des figures féminines fortes. Au chapitre I on trouve la description de Miette, personnage en apparence en dehors des mouvements politiques et ambitieux : « C’était une enfant qui devenait femme […] potelées de bourgeoise. »
C’est au chapitre II que l’on rencontre l’ancêtre Adélaïde : « En devenant femme […] elle disparaissait. » C’est là également qu’apparaît Félicité, maîtresse femme, qui poussera son mari vers la réussite : « Quand Pierre eut les cinquante mille francs […] dont elle descendait. »
• Les Trois mousquetaires d’Alexandre Dumas
La première figure de femme est la reine. On rencontre ainsi un portrait d’Anne d’Autriche, femme séduisante mais aussi reine, personnage noble et supérieur, dans la deuxième partie, au chapitre I : « En ce moment une porte cachée […] je vous vois. »
Vient ensuite l'apparition de Milady, d’abord de loin et comme une sorte de personnage imaginaire. Elle est au cœur des questionnements, comme on le constate à la troisième partie, au chapitre VIII : « Au fait, vous avez raison […] à la recherche de Constance. » Cette figure difficile à saisir reste mystérieuse lorsque d’Artagnan entre en contact avec elle, dans le premier chapitre de la partie IV : « L’Anglais alors se retourna […] l’instant même. »
À cette figure complexe et négative s’oppose celle de la soubrette, fille de bon cœur, comme on le constate par exemple dans la partie IV, au chapitre V : « Ketty entra pour apporter […] de Mme Bonacieux. »
• Bel-Ami de Guy de Maupassant
Madame Forestier est une femme au caractère fort, qui participe au succès de son mari (et plus tard à celui de George) en écrivant des articles de presse. On la voit, au chapitre III de la première partie, en action, fumant et écrivant : « Elle avait l’air chez elle […] avec étonnement. » Plus loin, dans ce même chapitre, on la découvre réfléchissant, créant : « Elle se frottait les mains […] dans les articles suivants. » La personnalité forte et indépendante de Madeleine se ressent tout au long du roman, et notamment dans la deuxième partie, au chapitre VIII, alors qu’elle est prise en flagrant délit d’adultère : « Madeleine avait retrouvé […] de ne pas voir son mari. »